dimanche 7 mai 2017

L'avenir

Je le regarde débouler sur son vélo vintage. Un grand blond élancé et viril, désinvolture avec de grands bras costauds et fins en même temps, son tee-shirt coton à large encolure, le jean flou près du corps qui lui va si bien. A toute bringue et en maitrise il se glisse entre les voitures. 
Il arrive, le vent dans les cheveux, un large sourire fend la mâchoire carrée, les belles dents. Virilité et subtilité. Un style fou, tout en mouvement. Les filles le regardent. 
Cette image j’aime à la remâcher. Il me plait de le voir arriver comme ça. Sa vitesse, sa jeunesse, son agilité. J’aime le regarder tout le temps.
J’embrasse sa joue piquante, ses lèvres sexy, il sent le vent. Cet homme ne met jamais de parfum mais il embaume l’air frais. 
Je n’écoute plus les langues de vipères qui parlent de l’âge la bave aux lèvres, qui parlent de l’impasse qui va se dessiner forcément. Elles tournent encore sur elles-mêmes, les viscères sans doute dévorées par leur propre bile.
Finalement, leurs tourments me tirent un sourire. Je suis bien merci, je n’ai jamais été aussi heureuse depuis plus de 15 ans. De loin, je regarde les fatigués, les aigris, les tristes tourmentés, tous les gens médiocres qui se croient supérieurs de ces dernières années et rien chez eux ne peut me faire moins envie. J’ai une large poitrine, une peau douce et une tendre vigueur qui m’attendent. Dormir nus, se serrer et sourire dès le matin, quel meilleur baume au coeur. 

Mon seul regret est que mon père soit parti trop vite: j’imagine qu’il aurait aimé la brillance de son esprit, apprécié son doigté à la guitare, son amour pour moi et le bel effet que cela produit dans nos vies.