jeudi 10 juin 2021

Rétro mud

Des semaines que je n'ai pas pris part à la vie nocturne de ma ville. Ce ne sont pas les occasions qui manquent; seulement l'envie. 
La lassitude m'a prise: les soirées sont bonnes mais les matins tellement difficiles ensuite. Les gens sympas et les conversations cool mais sans grand intérêt au fond. J'aime les gens mais je suis lasse pour le moment.
Alors les teints cireux, les yeux vagues à l'alcool, les barbus stylés, les bidons sous les chemises et les pompes à 500 balles, me donneraient presque la nausée. Tous ces hommes en fin de quarantaine n'attirent pas décidément: la barbe soignée ne cache plus le menton qui se fait gras, les poches sous les yeux, le bide qui tend la chemise et leurs phantasmes de youporneur: on sent tellement la branlette récurrente derrière l'écran que ça fout les jetons presque. 
Ces hommes encore célibataires qui n'arrivent jamais vraiment à se caser attachent une si grande importance à leur apparence que c'est presque le signal fatal de leur vide intérieur. Ils sont beaux parleurs en général, attirent au début et surtout attirent les filles paumées ou faibles, celles qui ont besoin d'amour un peu trop. 
Le décor s'effondre bien vite: la réalité n'est que misère affective, mensonge, colère et radinerie. Il n'y a rien derrière les pulls cachemire et les boutons de manchette. Juste une petite décharge de fin de soirée, même moins bonne que l'habituelle virtuelle et le dégout des poils au fond du lit.
Le nauséabond reste heureusement le plus souvent repérable de loin; mieux vaut détourner le regard et éviter de regarder dans ce rétroviseur là, ça peut donner envie de vomir.