dimanche 24 juin 2018

Le futur

Il a une petite voix de castor, un tout petit nez, les grands yeux bleus de mon père, et bougeotte toute la journée en émettant de petits cris. Je me perds toute la journée dans la contemplation de ce petit être si parfait, sans me lasser. Je me lève la nuit pour me faire torturer les seins sans rechigner, quel pouvoir il a sur moi!
Yeux dans les yeux à chaque tétée, chaque détail de son visage je trouve parfait, chaque son émis me rend davantage dingue de lui.
La vie change complètement avec cet heureux évènement: on se demande ce qu'on faisait avant. En vrai, la modification est profonde. Elle est bienvenue car à point. Tourner autour de ses biens, de sa position sociale ou de sa dernière paire de pompes n'a jamais été vraiment satisfaisant. ça l'est encore moins maintenant. Les gens me trouvent resplendissante alors que je n'ai jamais été aussi fatiguée. Le miracle de la vie. 
Comme la majorité, je suis passée de ce côte de la barrière. Comme tout le monde, je partirai en vacances selon le calendrier scolaire, je courrai chez le pédiatre, ferai des petits pots maison bio et des gâteaux. ça peut sembler rasoir mais, c'est la vie sans tout ça qui est devenue rasoir. Mes amis célibataires me semblent dérisoires mêmes si je les adore: leur vie si remplie me semble bien vide en réalité. Je projette sans doute, mais l'amour immense qu'on ressent pour un enfant est une expérience sans commune mesure, elle déclenche un ràz drastique. 
Faire le tri, ranger, jeter, fait un bien fou. Alors un ràz comme celui là, c'est carrément jouissif.