Repue et légèrement saoule, je pars de chez ma sœur. J'ai bien mangé,
mais il n'est pas encore l'heure de se coucher pour moi. Ma seconde vie
commence. La bouteille de Graves était bonne, il faudra que je le le
dise au caviste, car décidément, il me vend du bon produit.
Je
conduis dans la ville déserte. Un bonheur quand on sait la lutte que
c'est dans la journée. J'arrive sans encombres dans ce bar de tatoués.
On est à une heure de la fermeture et l'endroit est plein comme un œuf.
Je suis déjà au delà de la limite légale d'alcool alors je me fous de la
sanction: ici le champagne n'est pas le sésame et ce n'est pas mon
envie du moment. Je commande un White Russian et je décide que ce ne sera
pas le dernier. Je veux me rappeler ce qu'est une vraie murge. J'ai
envie de péter les plombs. Trop longtemps que ça ne m'est pas arrivé.
Difficile de se faire une place au comptoir alors je profite d'être une
une femme pour y arriver. La musique est forte et les jeunes autour ne
m'attirent pas plus que ça. De l'autre coté du comptoir, c'est mieux. Le
courant passe et le Russian est commandé aux petits oignons. Le maitre
des lieux connait son métier et son breuvage en appelle d'autres. Je ne
sais pas combien j'en ai pris, mais je garde le cap. Quand je suis
seule, j'ai cette capacité à boire sans me perdre.
J'ai la tête qui marche beaucoup mais personne ne peut le voir.
Je me fous de ce que les autres peuvent penser de moi, ce soir je ne
rends compte à personne.
Je suis rentrée sans encombre, démarche russe sans doute. Demain je
replonge dans le monde corporate dès 9:00 pour la grosse conf call de la
semaine. Au moins j'aurais potassé mon anglais tard dans la nuit.
Un homme pense toute les 10 secondes au sexe. Je dois être un garçon manqué.